Mercredi
10 septembre
« Assis dans l’herbe, je mange mon deuxième poème
en silence. »
C’est ainsi que tout a commencé. Par cette petite phrase
énigmatique, la dernière d’un texte trouvé
dans le village. Certains racontent qu’il était arrivé
dans une bouteille, le texte, porté par une Garonne engrossée,
et qu’il s’était échoué là,
sur la berge, comme une promesse de changement. Eh ! Con ! Qué
changement ? Qu’est-ce que quelques mots peuvent changer à
la vie d’un village de neuf cent habitants traversé depuis
le début des temps par la même rivière ? Rien
! Absolument rien !
Si ce n’est qu’ils n’étaient pas venus seuls,
ces mots.
Depuis ce matin de pluie tant attendue, ils s’affairaient à
d’étranges besognes. Certains d’entre-nous savaient
qu’ils allaient venir, mais depuis le temps… Eh bien !
Ils étaient là, et ils n’étaient pas venus
les mains vides. On dit même qu’ils amenaient du rêve.
Du rêve ? Tu rigoles !
© Jean-Luc
Letellier